• INFRACTION ROUTIERE : et si finalement la dénonciation des salariés fautifs n'était pas si obligatoire que cela...

    On assiste à une véritable propagande, selon laquelle les patrons n'auraient d'autre choix que de dénoncer systématiquement leurs salariés, sous peine d'écoper d'une amende astronomique. La réalité juridique de cette affaire est pourtant bien plus nuancée qu'elle n'y paraît. La preuve avec la jurisprudence de la Cour de Cassation, la plus haute juridiction de l'ordre judiciaire français, que Caradisiac a réussi à dénicher…

    La mésinformation se propage à vitesse grand V. À en croire ce brouhaha, les patrons ont désormais l'obligation de dénoncer leurs salariés, faute de quoi ils s'exposent à une amende dont le montantest multiplié par cinq par rapport à celui habituellement encouru.

    "Si l'employeur n'indique pas le nom de la personne au volant, il devra s'acquitter d'une amende de 750 euros", nous indique-t-on par-ci. "Les dirigeants refusant de désigner leurs salariés s’exposeront à une amende majorée allant jusqu’à 1 875 euros", nous assure-t-on par là. Le ministère de l'Intérieur ne pouvait sans doute pas rêver de meilleurs relais pour imposer sa nouvelle loi !

    Sauf que derrière cette propagande se cache une réalité juridique loin d'être aussi tranchée. Et si cette obligation par les patrons de dénoncer leurs salariés, pourtant inscrite noir sur blanc au nouvel article L121-6 du code de la Route, n'était qu'une… apparente obligation ?

    Les 5 principes à retenir pour déjouer la propagande ambiante

    1. Que les patrons paient sans dénoncer, cela reste bien possible et légal !

    "Il n'y a qu'à étudier les nouveaux avis de contravention, envoyés depuis ce 1er janvier - et la mise en application de cette pseudo-dénonciation obligatoire -, pour s'en rendre compte", relève Caroline Tichit, avocate spécialisée dans le code de la Route. "Leur rédaction a à peine évolué. Et il suffit de suivre les instructions qui y sont mentionnées pour comprendre que 'le représentant légal de la personne morale', à qui appartiendrait un véhicule flashé, a bien toujours la possibilité de payer la contravention sans désigner qui que ce soit. Exactement comme avant !"

    Comment pourrait-il en être autrement de toute façon ? Les patrons aussi peuvent en effet se retrouver au volant d'un véhicule de leur société. Qui d'autre devrait-il dès lors dénoncer quand ils sont eux-mêmes responsables de l'infraction ? Ce cas de figure a beau être ignoré par la propagande actuelle, il n'en reste pas moins que les patrons, aussi, profitent du système (voir notre encadré ci-dessous). Quand ils conduisent une voiture de leur société, la plupart du temps, ils n'ont ainsi aucun point retiré une fois leur contravention payée (et ce, alors même que ce paiement vaut bien reconnaissance de leur culpabilité)… Un privilège qui n'est apparemment pas près de leur échapper !

    Il est à noter également qu'en dehors du nouvel article L121-6 du code de la Route, les autres dispositions prévues par ailleurs, en particulier aux articles L121-2 et L121-3 du code de la Route, n'ont pas été dans le même temps supprimées. "Ce qui existait avant cette nouvelle règle demeure donc valable aujourd'hui", insiste Me Tichit.

    2. Quand les salariés dénoncés contestent leur PV-radar en assurant qu’ils ne conduisaient pas, ils sont généralement totalement relaxés !

    Le rappel du contexte, à l'origine de la loi

    Ce sont les titulaires des certificats d'immatriculation qui sont destinataires des PV dressés sans interpellation (radars, vidéoverbalisation, PV au vol ou à la volée). Et quand le véhicule est au nom d'une personne morale, la contravention est envoyée au représentant légal de cette personne morale – c'est-à-dire au dirigeant de cette entreprise.

    Quel que soit le cas de figure, les PV sont rédigés de la même façon : systématiquement, ils font peser une présomption de culpabilité sur leurs destinataires. Du coup, si ceux-ci paient sans sourciller, cela veut dire qu'ils reconnaissent les faits. Théoriquement, les points en jeu doivent leur être automatiquement retirés de leur permis.

    En pratique, c'est bien ce qui se passe quand il s'agit de voitures particulières, mais pas quand il s'agit de véhicules de société. Là, les points sont rarement retirés aux patrons, pourtant bien destinataires des PV. De fait, ils profiteraient - et par voie de conséquence jusque-là, leurs salariés aussi - d'un bug administratif. Et, officiellement, l'entrée en vigueur de cette pseudo-obligation de dénoncer devrait permettre de remédier au problème…

    La jurisprudence de la Cour de Cassation, la plus haute juridiction de l'ordre judiciaire français, est on ne peut plus claire sur le sujet : un salarié d’une entreprise, même "titulaire d’une délégation de pouvoir, ne peut pas être déclaré redevable pécuniairement de l’amende encourue en cas d’excès de vitesse commis avec l’un des véhicules de la société (…). C’est le titulaire du certificat d’immatriculation du véhicule qui doit être condamné (…) et, lorsque le véhicule appartient à une personne morale, son représentant légal (Crim., 13 octobre 2010, Bull. crim. 2010, no 159, pourvoi no 10-81.575)."

    En clair, un salarié qui conteste l'infraction, en niant simplement les faits, sans même avoir de preuve de son innocence, ne peut qu'être totalement relaxé (pas d'amende, pas de retrait de point), à moins bien sûr que le ministère public - la partie poursuivante au tribunal - ne puisse rapporter la preuve de sa culpabilité. Or, comme le savent tous les spécialistes du système automatisé, celui-ci fonctionne justement sans aucune preuve de la culpabilité des véritables fautifs. Il faudrait sinon que les photos prises par les radars permettent de reconnaître de manière sûre et certaine les conducteurs, ce qui n'est, sauf exception, jamais le cas… Déjà parce que la très grosse majorité des clichés sont pris par l'arrière.

    Alors que le but recherché par le gouvernement, c'est de faire en sorte que les conducteurs de véhicules de société ne puissent plus éviter le retrait de point, en procédant ainsi, c'est justement prendre le risque de voir se multiplier les contestations des salariés désignés, quasi assurés de pouvoir échapper à toute sanction, soit non seulement au retrait de point, mais aussi au paiement de l'amende !

    3. Quand les entreprises paient elles-mêmes les contraventions, c’est tout à fait illégal !

    On ne compte plus les communiqués internes, les témoignages dans la presse laissant entendre que ce sont les entreprises elles-mêmes qui paient les PV reçus par La Poste. Puis, les salariés s'engageraient à les rembourser dans un délai raisonnable. Certaines boîtes pratiqueraient même des retenues sur salaire. Tout cela est tout à fait illégal ! Là encore, la jurisprudence de la Cour de Cassation est limpide.

    On comprend bien que les patrons puissent s'arranger avec leurs salariés, mais cela ne doit aucunement apparaître dans les comptes de l'entreprise. Officiellement, cette "redevabilité pécuniaire" pèse sur le dirigeant à titre personnel, aucunement sur sa société. Gare aux délits d'abus de biens sociaux !

    4. Quand les entreprises – ou même leurs dirigeants - paient les PV, tout en dénonçant dans le même temps leurs salariés, c’est aussi 100 % illégal !

    "Le chef d'entreprise a le choix entre payer spontanément la contravention, la contester ou dénoncer la personne qu'il pense responsable. Mais il n'a droit qu'à un seul de ces choix ! En aucun cas, il ne peut payer tout en dénonçant, et ainsi prendre le risque de priver ses salariés de leur droit de défense les plus élémentaires", fustige Me Tichit.

    S'il fait le choix de dénoncer systématiquement ses salariés, ce qui est son droit, il a seulement à indiquer leurs coordonnées (identité, adresse, voire numéro de permis), via le formulaire joint à l'avis reçu. Point.

    C'est ensuite à l'administration de renvoyer l'avis de contravention à la personne désignée. Et, à son tour, celle-ci aura le choix entre la payer spontanément, la contester ou dénoncer la personne qu'elle pense responsable si elle considère que sa dénonciation est une erreur.

    5. En aucun cas, un patron ne devrait être condamné au quintuple de l’amende encourue !

    La supposée amende multipliée par cinq pour les patrons récalcitrants se révèle être pour sa part tout simplement illégale ! "La nouvelle loi évoque bien une amende quintuplée, mais uniquement pour les 'personnes morales', soit les entreprises", explique Me Tichit. Or, poursuit-elle, "ce ne sont jamais les entreprises elles-mêmes qui peuvent être poursuivies, ni tenues pour responsables quand il s'agit d'une infraction routière. Ce sont leurs représentants légaux, soit les patrons !"

    La jurisprudence de la Cour de Cassation est sur ce point aussi sans appel : "lorsque le certificat d'immatriculation d'un véhicule verbalisé pour excès de vitesse est établi au nom d'une personne morale, seul le représentant légal de celle-ci peut être déclaré redevable pécuniairement de l'amende encourue" !

    Maintenant, si la Cour de Cassation s'est déjà prononcée sur un tel sujet, c'est bien que des tentatives, pour faire condamner les patrons à de telles sommes, ont existé. Et il ne fait guère de doutes que de nouveaux assauts seront prochainement tentés. Méfiance…

    Source : http://www.caradisiac.com/pv-radars-denonciation-obligatoire-des-salaries-par-leur-patron-gare-aux-bobards-111960.htm

    De Fabien BERRURYER

     


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  • Connaissez-vous l'écart de salaire entre les femmes et les hommes?

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  • Les 32 heures

    La campagne portant une nouvelle réduction légale du temps de travail à 32 heures marque des points dans le débat public et auprès des salariés.

     

    La CGT porte des propositions et des arguments forts qui font de la RTT et des 32 heures un des leviers majeurs pour créer massivement de l’emploi, pour réduire les inégalités et la précarité, pour anticiper l’impact sur l’emploi des mutations technologiques en cours et à venir, pour permettre à chacune et chacun de profiter plus du temps hors travail.

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    Un peu plus de six ans après le séisme meurtrier dont la population ne s’était pas encore remise, l’ouragan Matthew vient de semer la désolation. Plus que jamais le peuple et les travailleurs haïtiens, particulièrement les plus pauvres, ont besoin de notre solidarité.

    SOLIDARITE HAITI

    UNE NOUVELLE FOIS LA POPULATION PROFONDÉMENT MEURTRIE

    Un peu plus de six ans après le séisme meurtrier dont la population ne s’était pas encore remise, l’ouragan Matthew vient de semer la désolation ; plus de 500 morts, de nombreuses habitations précaires détruites, des plantations et la couverture végétale ruinées, en manque d’eau potable, les débuts d’épidémies de cholera et de malaria, des risques de famines.

    Plus que jamais le peuple et les travailleurs haïtiens, particulièrement les plus pauvres, ont besoin de notre solidarité.

    Sans attendre L’Avenir social a envoyé une aide d’urgence de 7000€ à une association, avec laquelle elle travaille déjà, pour la soutenir dans l’aide qu’elle apporte aux familles touchées.

    Mais pour faire plus dans les domaines de l’éducation, de la santé, de la reforestation,

    L’Avenir social en appelle à la solidarité financière des organisations de la CGT, de ses syndicats, de ses adhérents.

    Adressez vos dons par chèque à l’ordre de :

    "L’Avenir social - Solidarité HAITI"

    263, rue de Paris - case 419

    93514 MONTREUIL cedex

    Un reçu sera envoyé à chaque donateur

    (66 % du montant des dons sont déductibles des impôts)

     

    Télécharger « soli_haiti_2016.pdf »

     


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  • Alors que l’action contre la loi El Khomri a permis de rejeter un amendement sur le sujet, le gouvernement tente de passer en toute discrétion un recul sur les aides versées par les comités d’entreprise (CE) dans le cadre de leurs activités sociales et culturelles.

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  • Doivent être considérés comme temps de travail les déplacements des travailleurs sans lieu de travail fixe ou habituel entre leur domicile et le premier ou le dernier client de la journée. 

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  • LOI TRAVAIL  Les règles applicables aux conventions de forfaits viennent d'être modifiées. Essentiellement au bénéfice des employeurs.

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  • Dans la lignée des initiatives que la CGT mène pour combattre l’extrême droite, la Confédération Générale du Travail co-organisait mercredi 21 septembre, avec les éditions de l’Atelier, une soirée de mobilisation à la Bourse du travail de Paris à l’occasion de la parution du livre « En finir avec les idées fausses propagées par l’extrême droite ».

    Combattre l’extrême droite, est-ce que cela relève du champ syndical ? Le Front National est-il un parti comme les autres ? Extrême droite : comment agir à l’entreprise ? Pascal Debay, dirigeant de la CGT répond à ces questions.


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    La CGT demande plus que jamais l’abrogation de la loi Travail. Recours juridiques au niveau national et international, mobilisations dans les entreprises font parties des moyens d’action. Voici, au coeur de la manifestation parisienne du 15 septembre 2016, des exemples, comme chez Alstom, PSA Peugeot Citroën, ou encore chez les sous-traitants des Aéroports de Paris, où les salariés se mobilisent pour que la loi ne soit pas appliquée.

    Sur tout le territoire, ce sont plus de 110 manifestations et rassemblements qui se sont déroulés à l’appel des 7 organisations mobilisées pour continuer de dire non à la loi travail.

    Malgré les mesures de sécurité draconiennes imposées par des préfectures pour pouvoir se rendre sur certains lieux de manifestation, plus de 170 000 salariés ont bravé les interdits et battu le pavé pour la 14ème fois.

    A l’image du CNE-CPE, rien n’est gravé dans le marbre. Ce qui a été validé peut être annulé.

    Source : Communiqué "Vous avez dit baroud d’honneur ?"


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  • Réforme du code du travail

    Faisons le point sur le projet de loi de la ministre du travail, Myriam El Khomri, "visant à instituer de nouvelles libertés et de nouvelles protections pour les entreprises et les actifs". Tout bénef pour le Medef! Ce texte offre en effet une liberté totaleau patronat et constituerait s'il était adopté un recul historique des droits pour les salariés.

    Malgré les affirmations du gouvernement, le projet de loi El Khomri n'a pas changé. Congés payés, accords d'entreprise, modulation du temps de travail...La CGT en décrypte les points essentiels.

    Retrouvez notre décryptage sur le site decryptage loi travail

    Toutes les mesures envisagées visent à précariser toujours plus, flexibiliser davantage les salariés pour faire baisser le "coût" du travail, afin de faire grossir les profits financiers et les dividendes versés aux actionnaires. C'est tellement vrai que le Président du Medef, Pierre Gattaz, soucieux de ses intérêts, vient de signer une pétition pour soutenir le projet de loi!

    7 français sur 10 considèrent que le projet de réforme du code du travail constitue une menace pour les droits des salariés. Ils ont raison!

    Télécharger « projet de réforme sur le code du travail »

    Télécharger « Code Travail: Propositions CGT »

     


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