Du 8 au 11 novembre dernier, s’est déroulé la rencontre « Florence 10+10 » dont l’objectif était de faire le bilan des Forums sociaux européens (FSE), dix ans après le premier, et de tracer les perspectives pour les années futures.

 
Kamal Ahamada, membre du CEF, Patrick Correa, Conseiller fédéral, Christian Pilichowski

Un Forum social consiste en un espace de rencontres et d’échanges conçu pour permettre des réflexions de fond, des débats d’idées, la mise à jour de propositions et d’alternatives, l’échange d’expériences et de projets d’actions, entre les différentes entités et mouvements de la société civile se disant «engagés dans la construction d’un autre monde possible centré autour de la personne humaine, et non sur le profit économique». Le Forum social européen est l’une des déclinaisons continentales du Forum social mondial (FSM), à côté du Forum des Amériques, du Forum social asiatique etc.

La première organisation du FSE eut lieu en 2002 à Florence.
Si la dynamique des Forum sociaux mondiaux (FSM), dont le prochain se déroulera à Tunis, tout un symbole, en Mars 2013, est loin de s’être épuisée. Ils continuent d’être un processus pertinent, mais aussi un moment fort de solidarité, de constructions communes, d’avancées dans l’élaboration d’analyse des crises et de propositions d’actions coordonnées. Or, ce n’est plus le cas des Forum sociaux européens.
Depuis quelques années le processus s’est épuisé, l’agglutination de forces nouvelles a été difficile et n’a pas porté les fruits espérés. Cela a, de fait, freiné la dynamique.
 

Au final, nous n’aboutissions plus à une synthèse de nos revendications et actions pour les faire aboutir. Au lieu de nous mettre d’accord sur l’essentiel, nous agglomérions les demandes de chacun sans mesurer que la somme des motifs de défense des intérêts particuliers ne fait pas l’intérêt général. C’était la première faiblesse des FSE.
La seconde faiblesse fut l’ambiguïté des rapports aux partis politiques jamais résolue depuis l’origine. Au motif de l’autonomie du « mouvement social » les partis politiques n’étaient pas impliqués, mais de fait participaient que ce soit dans le processus ou bien lors des tenues du FSE proprement dit via leur fondation ou association (think tank). Le caractère trop largement ouvert du processus FSE et les ambiguïtés du rapport aux partis politiques ont eu raison des FSE.

Vers un sommet alternatif «Florence 10+10 » n’a pas évité ces écueils et face à l’échec prévisible de la démarche, des organisations syndicales, des associations et des ONG se sont rassemblées autour d’une nouvelle plate-forme commune dénommée «Alter Summit» (ou sommet alternatif), autour de 3 grandes revendications et des perspectives d’actions pour les prochains mois. Créé en Mars 2012, ses fondateurs et sympathisants se regroupent sur la base d’un appel : «Les dirigeants politiques européens et les élites économiques et financières tirent profit de la crise pour imposer leur ordre néolibéral, injuste et antidémocratique. Les protestations dans les contextes nationaux n’ont pas, jusqu’à présent, permis de freiner ce mouvement. Nous ne pouvons pas gagner une bataille européenne sur les espaces nationaux. Pour arrêter cette prise de contrôle de l’oligarchie, et pour l’inverser, les mouvements sociaux doivent s’unir au-delà des frontières européennes, dénoncer leurs adversaires communs et organiser des actions concertées sur la base de leurs propres propositions.
Maintenant des syndicats nationaux et européens, des mouvements sociaux et écologiques, des ONG et des groupes de recherche se sont réunis dans l‘ALTER SUMMIT pour faire de leur souhait d’une Europe démocratique, sociale et écologique une réalité.
L’Alter Summit est piloté par les mouvements sociaux, mais nous acceptons aussi les forces politiques qui soutiennent nos demandes. Les personnalités qui supportent notre appel sont les bienvenues…» (extraits)
On voit donc bien les deux changements profonds opérés pour tenir compte des écueils du FSE. Le processus n’est plus ouvert à tous vent, mais semi-ouvert, c’est à dire à un réseau d’organisations qui acceptent la méthode de travail, et non d’individus, qui tient compte de la réalité des encrages nationaux et européens des acteurs et d’autre part le rapport aux «politiques» est clarifié. Ce ne sont pas les partis politiques en tant que tels qui sont acceptés au sein du réseau, mais les personnalités, connues et reconnues de leur rang, dont l’appui est sollicité.
 

On peut donc affirmer que l’Alter Summit est né dans l’esprit des FSE, il en continue la lutte pour une «autre Europe», mais ne veut pas répéter, ni remplacer le FSE. L’Alter Summit est une réponse dans les circonstances actuelles aux défis économiques, culturels, sociaux, écologiques, démocratiques auxquels nous devons faire face.
L’Alter Summit sera à la fois un événement à Athènes début juin 2013, au coeur du «laboratoire européen de l’austérité», et un processus continu de convergences politiques et pratiques de toutes les forces qui, à travers l’Europe, refusent la trajectoire actuelle de l’Europe et sont déterminées à réaliser une Europe sociale, démocratique et écologique.
L’objectif de l’Alter Summit est de créer une dynamique à travers une variété d’actions communes (le 14 novembre était une de ces étapes) et d’organiser un sommet alternatif, à Athènes, pour exprimer un consensus sur nos objectifs politiques.
La CGT, la FSU, Solidaires, la CES, les syndicats grecs GSEE et Adedy, la CSC, la FGTB, la CGIL pour ne citer que les principaux sont parmi les promoteurs de l’initiative avec des associations comme Attac, le CRID, Coalition of Resistance, Transform,...