• Le problème c’est le coût du capital La solution, c’est la révalorisation du travail

    Le problème c’est le coût du capital La solution, c’est la révalorisation du travailDepuis l’éclatement de la crise financière de 2008, qui a engendré, rappelons-le, la crise de la dette, le patronat a accéléré ses attaques contre le système social français. Ces attaques ne visent rien d’autre que de tenter de justifier l’intensification du travail, le gel des salaires mais aussi les délocalisations et externalisations

      Aujourd’hui, l’argument phare, c’est la compétitivité, ou plutôt l’absence de compétitivité des industries françaises. Après plusieurs mois de bourrage de crâne à propos du coût du travail, les fameuses propositions pour relancer la compétitivité viennent d’être annoncées par le gouvernement après la remise du rapport Gallois début novembre. En pointant principalement le soi disant « coût » du travail, ces propositions pour un choc (ou pacte, c’est selon) de compétitivité permettront-elles de redresser l’industrie française ?

    Avec 450 000 emplois perdus entre 2000 et 2008 ajoutés aux 270 000 suppressions de postes depuis (été 2008- printemps 2012), la France figure désormais, parmi les pays développés, les plus désindustrialisés.
    Effectivement, il y a urgence à développer l’industrie et l’emploi en France. La CGT se bat depuis plusieurs années pour cela. D’autant plus en période de crise car comme le rappelait le Premier Ministre lors de sa déclaration de politique générale, le 3 juillet dernier, «un pays qui n’a pas d’industrie est un pays qui n’a pas d’avenir ». Aussi, a-t’il confié, dans la foulée, à Louis Gallois, ancien patron d’EADS et de la SNCF entre autre, de « formuler des propositions pour reconstruire notre compétitivité ». Mais, pour que les propositions soient acceptables, encore faut-il que le diagnostic soit partagé. Déjà, en confiant ce rapport à un patron, l’objectivité de celui-ci était compromise. Ainsi, le premier ministre a annoncé, entre autre, une «première mesure, massive, et sans précédent » consistant à un « allègement de 20 milliards d’euros du coût du travail».
    Le problème c’est le coût du capital La solution, c’est la révalorisation du travailL’objectif est donc de réduire la masse salariale de 6% des entreprises par un crédit d’impôt de l’ordre de 20 milliards, financé à moitié par une augmentation de la TVA sur la consommation des ménages et l’autre par une réduction des dépenses publiques et du financement de la sécurité sociale. Ce sont donc bien les salariés et les ménages qui vont supporter les réductions de cotisations patronales. Aucune garantie en termes d’amélioration des performances en matière d’emploi, de qualification des salariés, de recherchedéveloppement n’est demandée en contrepartie aux entreprises.
     

    Même si le patronat ne baisse pas sa garde en demandant toujours plus, il se réjouit d’une nouvelle réduction des «charges» (opportunément préféré à cotisations) à laquelle il faut ajouter les 172 milliards d’aides dont bénéficient déjà les entreprises en 2011.

    Ainsi, pour Jean-François Pilliard, délégué général de l’UIMM, «ce n’est qu’une première étape, mais elle va dans le bon sens. Vingt milliards d’euros, c’est une bouffée d’oxygène du même ordre que celle des allégements de charges « Fillon » sur les bas salaires. Cette décision du gouvernement, c’est le résultat d’un travail en profondeur mené par le Medef, le Groupement des fédérations industrielles (GFI) et bien sûr l’UIMM, depuis plusieurs années. Notre effort a abouti. » (les Echos, 9 novembre 2012). Or, comme le dénonce la CGT dans son communiqué, l’efficacité de la baisse des charges a déjà été épinglée à plusieurs reprises notamment par la cour des comptes sur le financement de l’économie en juillet 2012. D’ailleurs, d’ores et déjà le patronat reste « prudent » sur l’impact de ces mesures sur l’emploi. Par contre, il se félicite du dispositif d’allègement de la masse salariale touchant les salariés payés jusqu’à 2,5 fois le SMIC.par le biais d’un crédit d’impôt. « Dans l’ensemble de la branche métallurgie, c’est-à-dire la moitié de l’industrie, le crédit d’impôt touchera au moins 80% des salariés. Dans l’automobile ce sera même 85%, dans l’aéronautique, où les salaires sont plus élevés, un peu moins» poursuit le chef de file des patrons de la métallurgie. Ainsi, la course au bas salaire et au tassement des salaires se
    poursuit. En priorisant l’allégement du coût du travail à proximité du Smic depuis plus de vingt ans, la France est l’un des pays d’Europe qui compte le plus de bas salaires. Ainsi, les emplois sont souvent de plus en plus sous-qualifiés pour rentrer dans ce dispositif et la rémunération des qualifications est peu valorisée.
    La logique de cette proposition gouvernementale s’aligne donc avec les attaques des directions dans les entreprises où les accords dits de compétitivité se multiplient. Les soit disant négociations tournent au chantage sur l’emploi, les salaires, les conditions de travail, le temps de travail comme chez Renault, ArcelorMittal ou STX. Et ce ne sont pas les déclarations du président Hollande à la presse qui vont arrêter les patrons qui poursuivent aujourd’hui leur pression pour une réforme de la protection sociale.
    Alors que l’économie française est au bord du gouffre, la mesure phare du gouvernement fragilise un peu plus les ménages. Or la consommation française reste encore, avec celle Outre Rhin, moteur de l’économie européenne.

    Outre l’impact négatif sur les ménages, le « choc de compétitivité » aura-il alors un effet sur la concurrence pour relancer l’industrie hexagonale ? Pour la CGT, la concurrence est un prétexte: l’enjeu, en vérité, c’est moins pour le travail, plus pour le capital.
    Le problème c’est le coût du capital La solution, c’est la révalorisation du travailPourtant, la France a besoin d’un nouveau mode de développement économique et social fondé sur la promotion du travail. Non, le travail n’est pas un coût qu’il faut réduire. C’est un atout qu’il faut revaloriser. Le problème c’est le coût du capital. En effet, contrairement à une idée fortement répandue par le patronat, les problèmes de la France ne s’expliquent pas par des soi-disant coûts trop élevés du travail. Ce qui coûte, ce qui handicape notre économie, c’est bien le coût du capital qui ne cesse d’augmenter. En trente ans, la masse salariale des entreprises a été multipliée par 4, tandis que les dividendes versés aux actionnaires ont été multipliés par 20. En 2011, les dividendes versés pesaient 180 milliards dans les comptes des entreprises françaises contre 145 milliards pour les cotisations sociales.
    Même si le rapport Gallois s’appuie sur la définition du Conseil Economique, social et environnemental (CESE) « la compétitivité est la capacité de la France à améliorer durablement le niveau de vie de ses habitants, et à leur procurer un haut niveau d’emploi et de cohésion sociale, dans un environnement de qualité »(Note1, page 5 du rapport Gallois), les propositions gouvernementales ne font pas le compte.
    Pour relancer notre activité industrielle, nous avons besoin d’une vision cohérente sur le long terme, avec une planification stratégique. C’est indispensable pour établir un nouveau mode de développement basé sur le travail. C’est le seul moyen d’améliorer la performance globale de notre économie, de reconstituer un tissu productif sur le territoire.
    Il faut, pour se faire, augmenter considérablement les efforts en matière de qualification des salariés, de recherche-développement et d’investissement productif. Dans le même temps, examinons précisément l’efficacité des aides, exonérations et l’ensemble des abattements fiscaux et sociaux dont bénéficient les entreprises. De nouveaux droits sont indispensables pour que les salariés et leurs représentants puissent intervenir sur les choix stratégiques des entreprises et sur le contrôle de l’usage des aides et fonds publics mis à la disposition des entreprises.

    « Fashion Victim ?Vous allez pouvoir continuer à picoler.... »

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