• Une mutuelle ce n’est pas qu’une cotisation !

    Une mutuelle ce n’est pas qu’une cotisation !A l’initiative de plusieurs groupes de la métallurgie (Renault-Trucks, Ascometall, Safran et sûrement d’autres), des négociations vont s’ouvrir sur les frais de santé et la prévoyance. L’objectif : un gestionnaire unique pour générer des gains financiers et prendre la main sur la protection sociale.


    Beaucoup de salariés ont des problèmes de pouvoir d’achat et sans doute seront-ils satisfaits de cotiser moins, puisqu’une partie de ces frais de santé sont à leur charge, d’autres verront au contraire une opportunité d’accroitre le niveau des prestations.


    Une mutuelle ce n’est pas qu’une cotisation !Rappelons néanmoins qu’aujourd’hui, sur la base du SMIC, embaucher un jeune BTS revient au même que d’embaucher un jeune CAP il y a 30 ans ! Les jeunes générations d’ingénieurs constatent un très net tassement de leur salaire d’embauche par rapport à celui de leurs ainés. Il y a donc bien plus d’intérêts à lutter et négocier sur la revalorisation des salaires et la reconstruction des grilles de classification que de compter sur une baisse de cotisation pour acquérir une réelle augmentation de son pouvoir d’achat. Augmenter le salaire, est le moyen le plus sûr d’assurer l’avenir de notre protection sociale ! Le gain immédiat de pouvoir d’achat qui résulterait de vraies augmentations de salaire et de la reconstruction des grilles de classifications créerait un véritable appel d’air pour l’emploi, les prestations sociales et pour la consommation. Cela réduirait aussi la course aux bas salaires pour lesquels le patronat touche aujourd’hui des exonérations de cotisations au nom du « coût du travail». Mais le patronat n’a jamais accepté que la protection sociale soit financée à partir des salaires et directement à la source ! Il est légitime en tant que salarié de commencer par s’inquiéter avant tout du salaire net. Mais nous savons aussi que personne ne peut prendre le risque de voir disparaitre les cotisations et de fait la sécurité sociale, la retraite, la protection contre le chômage, etc…


    Ne considérer que son salaire net, ce serait accepter de ne plus voir, dans le travail et dans la progression de son efficacité, la possibilité de développer le progrès social et l’émancipation humaine. La CGT est donc bien décidée à ne jamais abandonner le combat et l’ambition que défend le syndicalisme depuis son origine, à savoir : l’amélioration des conditions de travail et de vie, la reconnaissance du contenu du travail et la création de richesses par un bon salaire et une contribution permettant une protection sociale de haut niveau pour tous.


    Une mutuelle ce n’est pas qu’une cotisation !Cela nous rappelle à quel point le tassement des salaires et l’affaiblissement de la reconnaissance des qualifications des ICT depuis l’avènement du libéralisme sont au coeur de la problématique des ressources de notre système de protection sociale. Le dernier débat intervenu sur le mode d’attribution des prestations familiales a montré une réalité crue : 88% des familles ont un revenu inférieur à 5000€ avec un salariat composé de plus de 40% d’ICT.

    La cotisation sociale n’est pas une « charge », c’est une socialisation, une mise en commun d’une partie de la valeur ajoutée de l’entreprise. D’abord, signalons que les termes « cotisations salariales » et « cotisations patronales » sont impropres. En effet, la valeur ajoutée est en totalité créée par le travail des salariés de l’entreprise. Il ne devrait donc pas y avoir de distinction entre deux types de cotisations. Ce ne sont pas les patrons qui cotisent, mais bien l’entreprise, sur la base de la valeur ajoutée produite par les salariés, et ce au bénéfice de toute la société.
     

    C’est en effet grâce à la cotisation sociale que les personnes âgées sont sorties massivement de la pauvreté en moins de 50 ans, c’est aussi grâce à la cotisation sociale que la santé des français s’est considérablement améliorée. Le volume relatif que représente la cotisation sociale n’a fait qu’augmenter entre 1945, date de la création de la sécurité sociale et 1995, pour passer de 8 % à près de 25 %. La part la plus importante de cette augmentation a d’ailleurs été conquise avant la fin des années 1970. Nous pouvons affirmer que la bonne situation économique associée à un rapport de forces favorable aux salariés lors des « 30 glorieuses » est une conséquence de l’augmentation de la cotisation sociale ayant permis une meilleure répartition des richesses.
     

    Pendant la crise de 2008 le président Sarkozy reconnaissait lui-même que les effets de la crise étaient amoindris par le système social français. Le 2ème élément positif c’ est le développement de la qualité des soins en France à travers l’hôpital public, la recherche médicale publique, les CHU…autant d’atouts irremplaçables gravement menacés aujourd’hui.
     

    Quelques connaissances sur l’histoire de la sécurité sociale qu’il faut connaitre pour comprendre ce qui se cache derrière de telles négociations. Au début du 20ème siècle le syndicalisme se définit plutôt par la volonté de lutter collectivement pour l’amélioration de la condition ouvrière, entrainant parfois des grèves très dures, concernant la pénibilité au travail, les salaires, la durée du temps de travail, mais aussi pour une meilleure protection de la santé, tout cela dans une perspective révolutionnaire. Par contre, le mutualisme s’écarte des luttes sociales collectives, prône plutôt une protection individuelle avec des garanties souscrites personnellement.


    Le 15 mars 1944 le CNR (Conseil National de la Résistance) adopte plusieurs propositions dont une qui est un plan complet de sécurité sociale. C’est sur la base de ce plan qu’Ambroise Croizat (ministre du travail) mettra en place le système de protection sociale solidaire dont nous héritons aujourd’hui. L’objectif est d’avoir une institution unique obligatoire couvrant l’ensemble des risques sociaux, maladie, vieillesse, accident, invalidité. La couverture est étendue à tous les citoyens avec la volonté de la généraliser à court terme et de reprendre ce qui était, jusque-là, géré par les assurances privées.


    Autre objectif : la solidarité. C’est la pierre angulaire du système et ce que l’on appelle la solidarité intergénérations. Enfin, la démocratie, car seule une gestion par les intéressés eux-mêmes peut garantir que la santé reste un droit fondamental pour tous. (Au départ les 1ers conseils d’administration de la sécurité sociale sont gérés par ¾ d’administrateurs représentants les travailleurs et ¼ le patronat). Ce principe tombera en 1967 par ordonnances.


    Dès 1945 certaines professions avaient refusé de s’y intégrer, (les agriculteurs, les commerçants,..) depuis ils l’ont tous rejoint du fait des faillites de leur système d’assurance…tiens donc ! Les mutuelles vont également le refuser. Il est d’ailleurs intéressant de constater qu’aujourd’hui les mutuelles n’arrêtent pas de se regrouper pour être plus fortes. C’est ici la preuve que le renforcement et le développement du régime de base (La sécurité sociale) constituent le seul moyen efficace pour garantir et pérenniser le système. C’est d’ailleurs également vrai pour la retraite ! Nous le voyons, l’enjeu avec nos mutuelles, c’est à la fois une question financière (due en particulier à la baisse de la cotisation employeur) mais surtout le choix d’un modèle de protection sociale. Tout ce que proposent les directions dans ces groupes est une manière de privilégier les assurances privées pour une protection individualisée.


    La CGT affirme qu’il est donc grand temps, pour nous salariés, de nous réapproprier notre protection sociale, de décider ce que nous voulons qu’elle devienne et surtout comment doivent être utilisées les richesses que nous produisons.
    A suivre…

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