La formation syndicale est un outil indispensable pour accompagner les syndiqués tout au long de leur vie syndicale, mais aussi pour construire l’activité syndicale. > Interview d’Amar Ladraa, membre du secrétariat fédéral chargé de la vie syndicale

Comment trouver sa place dans son syndicat lorsque l’on vient d’adhérer à la CGT ?

Il est important de rappeler que le pilier central de l’activité et de la vie CGT, c’est le syndiqué. Construire un syndicalisme de masse et d’adhérents constitue un élément incontournable pour élever le rapport de force ! Quand un salarié prend sa carte à la CGT, il n’a pas forcément la connaissance du syndicat et de son rôle dans l’entreprise, ni de nos structures et de leur fonctionnement...
C’est pourquoi, chaque nouvel adhèrent doit bénéficier d’une formation d’accueil. Ce premier échange permet aussi de définir avec lui le niveau de son engagement dans la vie du syndicat. Dans de nombreuses bases, cette formation d’accueil n’est pas proposée, pour diverses raisons. Souvent, ce n’est pas forcément une priorité, ou bien l’actualité et l’institutionnel prennent le dessus sur la vie syndicale… Par ailleurs, de nombreux militants ont acquis au fil des années une richesse de connaissance, de savoir et d’expérience du terrain, ce qui demeure la meilleure école... Transmettre ce savoir est également crucial pour notre organisation. Toutes ces questions doivent être mises sur la table et les assises fédérales de la formation seront utiles pour définir des pistes de travail permettant d’améliorer notre outil de formation.

A la CGT, nous portons l’ambition de faire vivre la démocratie dans notre organisation. En quoi la formation syndicale de masse, est-elle un pilier pour avancer dans ce sens ?

La démocratie, dans nos modes de vie et plus largement dans l’entreprise, est un enjeu considérable pour notre syndicalisme. Il est source d’effi cacité et d’élévation du rapport de force. Faire vivre et animer collectivement un syndicat n’est pas chose facile, y compris la consultation des salariés. Parce que, d’une part, cette démarche est en totale contradiction avec les modes de vie et de gestion des entreprises, avec un patronat qui prône l’individualisme et la concurrence entre les salariés. Nous sommes, d’autre part, confrontés à la délégation de pouvoir et quelques fois à des difficultés de qualité de vie syndicale.

Dans notre Fédération, depuis quelques années, nous avons beaucoup travaillé à des outils d’aide à la consultation, qu’il s’agisse au niveau de la construction revendicative notamment dans le cadre de la préparation des N.A.O. ou sur la démocratie syndicale par l’amélioration de la Qualité de Vie Syndicale. Sur ce point, nous avons décidé, lors du 39e congrès de la CGT métallurgie, de mettre en place un dispositif fédéral, qui a pour objectif d’impulser et d’aider nos syndicats à tenir régulièrement des assemblées ou des congrès de syndiqués, pour que ce mode de vie devienne une démarche permanente dans nos syndicats. En 2012, plus de 700 syndicats ont réunis 20 000 syndiqués, c’est un bon indicateur de confi ance. Par exemple, aujourd’hui, la direction fédérale a décidé de mettre en débat, dans les syndicats, la proposition d’une nouvelle action nationale, à la rentrée, sur les questions d’emplois industriels.

Un plan de travail a été mis en place, à savoir, réunir 1000 syndicats, en présence des membres de la direction fédérale et de nos USTM et CCM pour débattre et valider cette proposition. Cette démarche de proximité qui consiste à réunir, à échanger et confronter nos idées dans le but de décider collectivement... cela bouscule un peu nos pratiques et pose de manière forte la question du temps que l’on consacre à construire CGT. L’amélioration de la qualité de vie syndicale nécessite une formation syndicale qui prenne en compte les attentes et les évolutions de nos forces militantes.
 

Les élus et mandatés peinent souvent à trouver leur place dans la démarche démocratique qu’ambitionne la CGT. Aussi comment la formation syndicale peut-elle les aider à faire vivre nos valeurs à travers leurs mandats ?

Face à une actualité économique chargée, les prérogatives des élus et mandatés ne cessent de s’intensifier (consultations dans les CE, détérioration des conditions de travail avec un rôle prépondérant des CHSCT, des négociations complexes...) Dans ce contexte, le poids de la responsabilité et les pressions que subissent nos militants sont énormes et souvent les réunions avec le patronat prennent le dessus sur le travail CGT du terrain. Pourtant, le rapport de force est nécessaire pour peser dans la négociation !

On constate également que le patronat mène l’offensive pour empêcher nos militants, par tous les moyens, de participer aux stages organisés par la CGT, y compris en leur proposant des formations gérées par leurs propres organismes en ce qui concerne les stages CHSCT et éco-CE. Or de nombreux militants ne bénéficient d’aucun moyen pour participer aux formations, alors que d’autres en disposent mais ne les utilisent pas…

Nous devons être vigilants et passer à l’offensive, car la formation syndicale est l’outil indispensable pour accompagner nos élus et mandatés afin de leur fournir les outils nécessaires pour assumer véritablement leurs mandats et ainsi la défense des intérêts des salariés. Pour répondre au mieux aux attentes de nos militants et réfl échir à nos capacité d’accueil des nouveaux adhérents et ceux à venir, pour exiger des nouveaux droits, les Assises Nationales de la Formation Syndicale représentent un événement et une étape décisive pour franchir un nouveau cap dans nos ambitions de luttes et de déploiement.