• Revaloriser le travail

    Revaloriser le travailSi l’on ne parle plus aujourd’hui, comme dans les années quatre-vingt-dix, de la « fin du travail », une inquiétude demeure sur le rôle qui doit être le sien dans la création de valeur, dans l’économie, dans les parcours individuels. Le dossier « Revaloriser le travail » revient sur différents aspects du travail, support de droits, d’une réalisation de soi, moyen de production, et question essentielle pour les équilibres sociaux et économiques des États modernes.

    En 1995, Dominique Méda, comme Jeremy Rifkin, annonçaient la fin du travail. Valeur cardinale des sociétés occidentales nées de l’industrialisation, éthique encore dominante, le travail se trouvait remis en cause pour des raisons de principes (l’aliénation), mais aussi parce qu’il aurait été condamné à disparaître dans un monde économique obsédé par la productivité, le gain, l’automatisation. Dix-huit ans plus tard, cette rareté n’a, semble-t-il, fait qu’accroître la valeur du travail. Il reste support de droits, d’une réalisation de soi, et moyen de production tout à la fois. Il concentre ainsi des attentes fort contradictoires. La Vie des idées propose d’examiner ces contradictions par la bande, et par la comparaison, avec des contributions consacrées à la France, à l’Italie, à la Chine, et aux États-Unis.

    L’économie sociale et solidaire est un des secteurs qui, bien que peu développé, a tenté d’affronter directement ces contradictions : comment redonner du sens au travail, et une valeur sociale qui ne soit pas simplement négative (ne pas être au chômage) ? Mais comme le montre l’étude d’Arianna Lovera sur la finance solidaire, la viabilité des entreprises qui s’en réclament demande des arbitrages qui ne relèvent pas que de questions de principes. Pour réconcilier travail et éthique, il faut, concrètement, pouvoir d’abord survivre économiquement. L’effort à entreprendre est alors de distinguer viabilité économique et profit. Il est au cœur de l’activité des banques solidaires qu’elle examine.

    L’article de Mathilde Guergoat-Larivière sur l’emploi des femmes en Europe décrit en détail la diversité des situations européennes concernant les taux d’emploi féminins (en hausse constante au cours des dernières décennies) et les politiques favorables à l’emploi des femmes tout au long du cycle de la vie familiale.

    Le désir de donner du sens à son travail, et la difficulté d’y parvenir, seront aussi examinés à travers le cas des salariés des banques traditionnelles – une profession particulièrement soumise à la demande de productivité, mais aussi consciente des effets sociaux de ce productivisme, surtout quand il a pour conséquence l’exclusion bancaire, dont traitera George Gloukoviezoff (« Conseiller ou vendre ? salariés de banque et inclusion bancaire », à paraître). Contraints d’utiliser des outils d’aide à la décision basé sur le scoring et de datamining, rémunérés en fonction du nombre de produits qu’ils font souscrire à leurs clients, les salariés d’agence ne sont pourtant pas totalement incapables de maintenir une activité de conseil et de permettre à leurs clients en difficulté de rester dans le système bancaire.

    Dominique Méda, Laurence Roulleau-Berger et Robert Castel reviendront quant à eux sur les modifications plus générales connues par le travail ces dix dernières années en Europe mais aussi en Chine – soulignant combien ces questions sont avant tout des enjeux de pouvoir et de lutte entre entreprises, salariés et États, au niveau mondial (entretien à paraître).

    Enfin Chloé Froissart (« Pour un salaire juste. L’évolution des revendications ouvrières en Chine ») expliquera que les attentes des ouvriers chinois ont profondément évolué ces quinze dernières années : leurs revendications ne relèvent plus d’une simple conscience du droit mais de conceptions de la valeur du travail, du juste et de l’injuste, et de ce que sont de bonnes conditions de travail. Elles reposent ainsi depuis peu sur une nouvelle prise de conscience de l’importance de leur participation à l’élaboration et à l’application des règles qui régissent les entreprises.

    - Arianna Lovera, « La finance solidaire », 15 janvier 2013.

    - Mathilde Guergoat-Larivière, « L’emploi des femmes en Europe », 14 janvier 2013.

    par Emilie Frenkiel & Thomas Grillot [15-01-2013]

    « Tout va bien !Les salariés reçoivent une plus petite part du gâteau »

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