• Les combattants ce sont les resistants d’aujourd’hui

    Les combattants ce sont les resistants d’aujourd’hui Raymond Aubrac est mort à l’âge de 97 ans. Acteur d’une page de l’Histoire de France, la fédération a souhaité saluer la mémoire de cet homme d’exception, profondément attaché aux idéaux de la résistance et de la démocratie, opposé au colonialisme et défenseur de la paix.

     

     

    «Les combattants ce sont les resis tants d’aujourd’hui » RAYMOND AUBRAC 

      

    « Nous ne savons pas vers quoi nous allons dans un monde de plus en plus complexe. Il nous faut des projets par respect pour ceux qui se sont battus pour élaborer cette promesse d’avenir. Il nous faut aussi cet optimisme que partageaient tous les résistants sans exception et qui les persuadait, à travers tant de dangers, d’avancer vers leurs buts, plus de liberté, plus d’égalité, plus de fraternité. Voilà ce que nous devons transmettre aux jeunes. »


    Raymond Samuel dit Aubrac s’est éteint le 10 avril à 97 ans sans avoir cessé d’être un acteur de son temps. Notre fédération peut témoigner de son attachement à des valeurs qui nous sont communes et à sa fraternelle disponibilité. Ingénieur des ponts et chaussées, il fut l’un des fondateurs, dès la fin 1940, du réseau de résistance « Libération Sud ». Arrêté en juin 1943 à Caluire près de Lyon en compagnie de Jean Moulin alors qu’ils mettaient en place le Conseil National de la Résistance, il fut torturé par le bourreau Klaus Barbie. C’est son épouse, Lucie, agrégée d’histoire et résistante, qui organisa son évasion et celle de 16 de ses camarades lors d’un transfert. Réfugié à Londres, il ne put empêcher la déportation et l’assassinat de ses parents et de son frère à Auschwitz. Le fait d’être appelé à rejoindre le gouvernement provisoire de la France Libre à Alger et la protestation de certains sur le nombre déjà trop important de juifs dans l’appareil d’état, l’empêchèrent d’accéder aux fonctions qui lui étaient destinées. Il s’engage aussitôt dans les troupes parachutistes pour poursuivre le combat mais accède à la sollicitation du général De Gaulle qui le nomme dès la libération, commissaire de la république à Marseille. C’est là qu’il organise avec le concours des militants et syndicalistes : l’épuration, le rétablissement de l’administration républicaine, la réorientation des entreprises aux besoins des populations, l’approvisionnement, l’augmentation des salaires. Ecarté début 1945 car considéré comme trop rouge par certains socialistes, il devient responsable du déminage sur l’ensemble du territoire, tache ingrate mais ô combien nécessaire qu’il accomplira jusqu’au bout et qui lui permettra de mettre son expérience au service des pays du sud est asiatique dans les décennies qui suivront.
    Proche d’Ho Chi Minh, il participera activement, dès le milieu des années 1960 à la préparation et à l’élaboration d’un cessez-le-feu et de la paix au Vietnam. Son combat et son investissement permanent pour la paix et la justice sociale sont reconnus unanimement dans le monde.
    Il a toujours répondu favorablement aux sollicitations de la fédération des métaux. Une initiative lors de la sortie du film de Claude Berry « Lucie Aubrac » en 1998, fut l’occasion de réunir les deux époux en compagnie de Cécile et Henri Rol-Tanguy, Simone et Auguste Gillot, Roger Linet et André Tollet. Ce moment reste un souvenir fort et émouvant de l’évocation de la résistance par ses acteurs de premier plan.
    Il était également présent, à l’issue de notre conseil national du 1er avril 2009, pour fêter la remise des insignes de grand commandeur de la légion d’honneur à Cécile Rol-Tanguy.
    Enfin, il y a quelques semaines, il associait sa signature à l’appel de la fédération contre la réhabilitation de Louis
    Renault.
    Notre pays vient de perdre un témoin et un acteur des heures les plus sombres mais aussi des plus fortes de notre histoire récente. Malgré les années, il était resté actif et vigilant n’hésitant pas à s’exprimer publiquement sur l’actualité.
    Raymond n’était pas métallurgiste bien qu’il fut chargé de mettre en place des affûts pour des canons. Mais c’est un
    des nôtres que nous venons de perdre. Nous demeurerons attachés à son témoignage et son message.


    « Notre République n’a d’identité qu’à travers l’héritage c’est-à-dire l’histoire parfois dramatique de ses aspirations et de ses combats. Les combattants ce sont les résistants d’aujourd’hui, ceux qui pratiquent aujourd’hui l’indignation, comme dit Stéphane Hessel, ceux qui reconnaissent l’injustice mais ne se contentent pas de la reconnaitre, ceux qui se dressent pour la combattre sans l’accepter. »

    Voilà ce qu’exprima Raymond Aubrac, le 17 mai 2009 sur le plateau des Glières, haut lieu des combats de la résistance, pour s’opposer à la tentation de certains de s’accaparer la mémoire de la résistance.

    APPEL DES RESISTANTS
    Il y a 8 ans, en 2004, 13 personnalités, acteurs principaux des heures les plus sombres de notre histoire avaient pris l’initiative de lancer un appel solennel :

    • - à célébrer le 60éme anniversaire du programme du Conseil National de la Résistance adopté dans la clandestinité le 15 mars 1944
    • - à ne pas démissionner, ni se laisser impressionner par l’actuelle dictature internationale des marchés financiers qui menace la paix et la démocratie
    • - à définir ensemble un nouveau programme de résistance pour notre siècle
    • - à une véritable insurrection pacifique.


    Ils achevaient en déclarant à ceux et celles qui feront le siècle qui commence et avec toute leur affection, plus que jamais : « créer c’est résister, résister c’est créer.» Ils étaient 13 alors (Lucie et Raymond Aubrac, Henri Bartoli, Daniel Cordier, Philippe Dechatre, Georges Guingouin, Stéphane Hessel, Maurice Kriegel - Valrimont, Lise London, Georges Seguy, Germaine Tillon, Jean Pierre Vernant, Maurice Voutey). Aujourd’hui, ils ne sont plus que 5. Il y a deux semaines Lise London nous quittait et il y a quelques jours c’était Raymond Aubrac. A relire cet appel des résistants à la veille d’une échéance politique importante pour notre pays on ne peut que penser à tous ceux qui au plus fort de la nuit n’ont jamais désespérer, ont gardé la foi, l’espérance, la détermination, la volonté et la force de demeurer debout.

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