• Le changement concrètement

    Le changement concrètementLes exigences des ICT à sortir du Sarkozysme étaient liées à la forme et à la manière de diriger le pays et à une opposition grandissante à l’austérité au nom de la dette et de la réduction des coûts salariaux. La nomination du nouveau gouvernement peut laisser à penser que la forme va changer, ainsi que l’orientation. Cela acquis, les législatives vont être l’occasion pour les ICT de conforter leurs exigences sur le fond et de gagner au sein du futur parlement des points d’appui pour leurs revendications. Mais de toute évidence, la nécessité d’une mobilisation forte dans les entreprises est désormais posée.


     

    Salaires, SMIC, reconstruction de la hiérarchie salariale 

    Baisser le salaire des ministres et des plus hauts salaires dans les entreprises dépendantes de l’Etat est appréciable. La revalorisation de la prime de rentrée scolaire aussi. Mais cela ne dit toujours rien de ce que l’on fait des salaires réels dans les entreprises, ni du niveau de rupture que l’on est décidé à assumer, à encourager, face aux dogmes de la baisse des coûts salariaux ou de l’austérité revendiqués par le patronat au nom de la dette et qui mènent partout à la récession.

    Coup de pouce au Smic en perspective mais soyons clairs, l’urgence sociale est de le passer à 1700 €. Pour le reste, le mécanisme de revalorisation du Smic est prévu par la loi. Il progresse automatiquement en fonction de l’inflation et de la progression du salaire d’un ouvrier moyen. L’évolution dynamique du SMIC ne dépend donc pas des seuls coups de pouce mais aussi de la volonté de faire sortir les salaires du marasme. C’est en rejetant l’austérité salariale dans les entreprises, en débloquant les salaires réels et les carrières de toutes les catégories de salariés que le SMIC renouera de fait avec sa mission sociale et économique. La revalorisation des minima conventionnels et leur repositionnement par rapport au Smic et au plafond de la sécurité sociale peuvent y concourir efficacement.


    Améliorer les salaires de 95 % des salariés
    Ces dernières années, 68% des salariés, pour l’essentiel nos catégories ingénieurs, cadres et techniciens, ont vu leur salaire progresser beaucoup moins vite que ceux des 2 % de salariés les mieux payés. De plus, le salaire de ces 68% de salariés a progressé moins vite que celui des 30 % les moins payés. Au final, plus de 95% des salariés
    sont dans une échelle salariale inférieure à 3,95 SMIC. (Rapport Cotise sur le partage de la valeur ajoutée : évolution du salaire brut à temps plein).
    L’économie va mal parce que le travail du plus grand nombre est de moins en moins payé et considéré. Le problème du partage des richesses est fondamentalement lié au fait que les qualifications étant niées ou sous payées, les gains de productivité qui leur sont liés ne sont pas redistribués.
    Le patronat, le nouveau gouvernement et le futur parlement doivent en tirer les conséquences et entendre la double exigence de la CGT : revalorisation du SMIC à 1700€ et reconstruction des hiérarchies salariales avec une remise en ordre des grilles de classification. Il ne suffira donc pas de réduire à la marge ce qui est excessif en haut pour redistribuer un peu tout en bas. C’est en faisant progresser l’ensemble des salaires que la situation des plus pauvres s’améliorera durablement et structurellement parce que c’est ainsi que l’économie sortira de la crise.

    Réintroduire la retraite à 60 ans pour tous
    Dès 1975, seuls 26,8 % des 15-19 ans s’inséraient dans l’emploi (source Insee – selon normes BIT.) Au mieux, moins de 30% des classes d’âge des années 1956-1960 pourraient donc espérer partir à 60 ans avec l’exigence de 41 annuités, telle que le préconise F. Hollande.
    Moins de 10% des jeunes de 15-19 ans entrent dans le monde du travail depuis les années 2000, en partie à cause de la crise mais surtout du besoin d’accroissement de leur formation initiale. Amender les réformes Sarkozy en permettant de partir à 60 ans sous condition de 41 annuités, voire plus demain, c’est certes permettre à 150 000 personnes de partir prochainement, mais ce serait aussi obérer le droit à la retraite à 60 ans pour 90% des salariés d’aujourd’hui et des futures générations, si l’on en restait là.
    Cet exemple des retraites confirme que traiter d’une partie seulement du salariat n’offre ni réponse ni garantie à la masse des salariés. Plus que jamais l’UGICTCGT porte la revendication d’une prise en compte des années d’études supérieures dans le décompte des annuités et le droit pour tous de partir en retraite à 60 ans.
    Le défi posé ici au monde du travail, au futur parlement et au nouveau gouvernement est le même que celui portant sur les salaires : refuser le recul du dogme du coût salarial pour imposer un financement plus conséquent des retraites.


    Un pilotage pour la reconquête industrielle
    Le crédit impôt recherche coûte, actuellement, l’équivalent d’un budget du CNRS au pays. Pourtant, les retombées scientifiques, industrielles et sur l’emploi ne sont pas à la hauteur espérée. Les pouvoirs publics et les collectivités territoriales de Loire-Atlantique ont ainsi financé les chantiers de St Nazaire pour des études sur des ferries. 

    Celles-ci ont été réalisées, mais pour l’instant, les commandes ne suivent pas, quelles soient publiques ou privées, tandis que le chômage partiel gagne l’entreprise et que le chômage total frappe les sous-traitants. Ce qui est vrai, c’est qu’il faut un vaste effort de pilotage de reconquête industrielle qui n’ait rien à voir avec des dispositifs d’aubaine fiscale. Total, GDF-Suez vont avoir besoin de méthaniers de nouvelles générations.
    Vont-ils les faire construire à Saint-Nazaire ou en Asie ? Comment accepter que puisse se poser un tel choix alors qu’une de leurs filiales, leader mondial dans les technologies d’isolation des cuves nécessaires à ce type de navire est installée en Loire-Atlantique mais travaille exclusivement pour les chantiers coréens et jamais avec les chantiers français ?
    Les enjeux de cette nature sont multiples dans la métallurgie. Va-t-on continuer à laisser Dassault, Thales, France Telecoms se mettre en concurrence sur le Cloud Computing ? Ou GDF-Suez et Areva passer des accords dans l’éolien offshore avec des entreprises étrangères contre Alstom et EDF, alliés eux aussi à des groupes étrangers ? Il est aussi urgent d’évaluer l’efficacité des pôles de compétitivité où se sont engouffrés tous les grands groupes de la métallurgie et leurs conséquences sur le tissu régional industriel des PME.


    Ni accord, ni législation « compétitivité-emploi »
    Les conditions d’un retour à la croissance reposent sur 3 piliers : Un meilleur partage des richesses (salaires et protection sociale), un pilotage plus résolu des entreprises et des filières industrielles et le développement du droit du travail qui est un facteur d’efficacité sociale du travail.
    Juste avant les présidentielles, N. Sarkozy a initié une négociation dangereuse sur les accords de compétitivité. Elle reste ouverte et suspendue aux «assurances» que le Medef, la CFDT et la CFTC veulent obtenir du nouveau gouvernement, à savoir qu’un éventuel accord signé soit transcrit dans la loi. Au nom des difficultés des entreprises, celles-ci pourraient baisser le salaire ou augmenter le temps de travail sans augmenter le salaire. N’oublions pas la cerise : un refus signifi erait un licenciement… Cette négociation sur les accords compétitivité- emplois, engagée sous la pression de Sarkozy ne doit pas engager le nouveau gouvernement et le futur parlement. Quels salariés pourraient comprendre qu’on reste sur les rails tracés par Sarkozy ?
    La CGT restera ferme : l’amélioration du traitement du chômage partiel est la seule voie à privilégier pour aider les entreprises à faire face à des difficultés passagères.
    Pour les difficultés structurelles, il convient de changer de politique en orientant l’argent vers l’investissement et la création d’emplois avec le renforcement des droits des salariés en matière économique.


    Forfaits-jours et droits européens
    C’est plus largement qu’il faut renforcer le droit du travail. La CGC et la CGT ont engagé des démarches contre les forfait-jours auprès des instances européennes. Le droit français a été jugé non conforme à la Charte Sociale Européenne sur deux points : en matière de protection de la santé et de rémunération insuffisante des heures supplémentaires et de la flexibilité. La législation française, les accords de branche et la plupart des accords d’entreprises ne sauraient donc rester en l’état durablement.
    Mettre en phase les forfaits-jours avec les droits sociaux européens ferait reculer le management coercitif des entreprises, la souffrance au travail, les charges et horaires de travail. Cela favoriserait le paiement d’une immense masse de travail aujourd’hui dissimulée et signifierait des rentrées fiscales et des cotisations sociales supplémentaires utiles pour retrouver de la croissance et les équilibres budgétaires. Les ICT ont beaucoup à y gagner ; la relance, l’emploi et la croissance aussi ! Tout cela se tient !

    « L’enjeu industriel au centre des enjeux du nouveau gouvernementElection législative »

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