• Faire grandir le rapport de forces

    Faire grandir le rapport de forcesCe qui faisait la force de l’industrie française est aujourd’hui en déclin. L’industrie française est aussi bousculée sur ses «niches historiques» telles que le nucléaire, les trains à grande vitesse ou encore les avions qui sont de plus en plus produits dans les pays dits « émergents ». Ceux–ci exigent en contrepartie, des transferts de technologie de plus en plus importants.


    Entre 1995 et 2010, la France a abandonné 35% de ses parts de marché et cela touche l’ensemble des secteurs qui sont liés à l’industrie.


    La transformation des processus productifs a bouleversé le monde au cours des trente dernières années. La France a ainsi perdu 750000 emplois industriels entre 2000 et 2009. Ce secteur ne regroupant aujourd’hui que 23% des emplois contre 44% en 1974. La même évolution s’observe dans les pays dits «développés».
    Ces dix dernières années, le marché mondial s’est élargi à de grandes économies comme la Chine, l’ex-Union soviétique, l’Inde, le Mexique… Dans le même temps, en Europe, la situation sociale et économique des peuples s’est dégradée, avec la complicité des politiques au service de la finance et du patronat. Cette paupérisation des peuples est liée à la manière dont la mondialisation est organisée.


    Faire grandir le rapport de forcesEn termes de délocalisations, on constate depuis quelques temps déjà que les nouveaux projets se réalisent ailleurs que sur les sites d’origine avec un recours à la sous-traitance dans les pays à bas coût et un retour, pour l’assemblage, sur le site d’origine. Dans le cadre de restructurations-fusions, on voit les entreprises concentrer leurs suppressions d’emplois dans les pays dits «développés». Ainsi, les gains de productivité engendrés par cette pression concurrentielle se retrouvent captés par le capital au détriment du travail. Le système du libre échange repose sur un marché de dupes, il donne une prime au commerce déloyal, fondé notamment sur le moins disant social, environnemental et fiscal.


    Le 14 Novembre, à l’appel de la CES (Confédération Européenne des Syndicats), les peuples d’Europe ont exprimé le rejet des politiques antisociales dans de puissantes manifestations, notamment au Portugal et en Espagne. Le fait d’avoir décrété cette journée d’action est un atout qui redonne de la force au mouvement syndical à l’échelle européenne. Les médias Français, quant à eux, ont très peu parlé des 130 défilés recensés sur le territoire national. A croire que l’austérité, c’est pour les autres et que pour nous tout va bien.


    Pourtant on recence en France plus de 8 millions de pauvres. Selon une étude du secours catholique, plus de 2 millions de personnes vivent avec moins de 300€ par mois. Des dossiers chauds comme le financement de la sécurité sociale, les 35h, la compétitivité nous attendent dans les prochains jours.
    Mais la mobilisation dans l’hexagone n’est pas à la hauteur des enjeux sociétaux qui nous sont posés aujourd’hui. On ne retrouve pas forcement dans nos défilés les entreprises qui luttent pour sauvegarder l’emploi, améliorer les salaires ou leurs conditions de travail. Toutes nos bases syndicales organisées dans les entreprises n’ont pas appelé à descendre dans la rue le 14 novembre dernier.


    De la même façon, pour les militants CGT, beaucoup n’y ont pas participé, d’autres ont fait le choix des négociations patronales plutôt que de participer à la journée d’actions. Sans vouloir porter de jugement sur cet état de fait, il me semble qu’il doit y avoir un débat à ce sujet. Ne nous voilons pas la face, nous avons besoin de faire grandir le rapport de forces si nous voulons véritablement changer la société. Encore faut-il y croire et donner l’argumentation nécessaire à nos militants pour aller au débat avec les salariés mais aussi avoir le courage de redéfinir les priorités dans chaque organisation syndicale pour être encore plus efficace : Remettre à l’ordre du jour des campagnes de syndicalisation, consacrer aussi 50% de son temps de militant à travailler CGT ce qui permet entre autre de se déconnecter de l’infernal calendrier patronal. Avec pour finalité, la reconquête de notre industrie qui passera obligatoirement par la lutte de toutes les catégories professionnelles.


    En attendant la suite, prenons le temps de débattre, de se former, d’aller au débat avec les salariés pour que la prochaine journée d’actions ne soit pas simplement une mobilisation des militants.


    Les chiffres cités dans cet édito ont été relevés dans le livre «inévitable protectionnisme» de Franck Dedieu, Benjamin
    Masse-Stambernier et Adrien Tricornot

    « Santé au travail : « nous sommes face à une forme de crime organisé »NAO L’information sur les salaires doit être complète »

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